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Fiches pratiques - Insuffisance cardiaque

Le cœur est une pompe musculaire puissante. Il apporte aux organes du sang riche en oxygène et en substances nutritives. Quand le cœur perd sa force musculaire et sa capacité de contraction normale, il y a insuffisance cardiaque. Le cœur ne peut plus effectuer correctement son travail de pompe et n’apporte plus un débit de sang suffisant dans tous les organes, notamment dans le rein, avec diminution de l’élimination de sel et d’eau par les urines. En amont du cœur, la pression du sang augmente dans les poumons, puisque le cœur pompe mal.

Pour conserver un débit sanguin suffisant et compenser son insuffisance, le cœur accélère ses battements et dilate ses cavités, risquant de provoquer une perte d’étanchéité des valves cardiaques. L’insuffisance cardiaque entraîne ainsi une limitation de l’activité physique avec des symptômes (fatigue, palpitations,essoufflement).

La perte de la force de contraction du muscle cardiaque peut être due à une maladie du muscle cardiaque (cardiomyopathie) ou à l’existence d’une zone qui se contracte mal (maladie coronarienne, notamment quand un infarctus du myocarde a transformé une partie du muscle en cicatrice fibreuse). L’insuffisance cardiaque peut aussi survenir sans dilatation des cavités cardiaques, surtout en cas d’hypertension artérielle et chez les personnes âgées.

L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique qui est souvent la conséquence d’une autre maladie cardio-vasculaire (maladie coronarienne,cardiopathie valvulaire, HTA*). Elle ne peut être guérie, mais bénéficie actuellement de nombreux traitements qui permettent de la stabiliser.

Lisez attentivement les informations qui suivent, elles vont vous aider à rendre votre traitement efficace tout en maîtrisant le risque de complications. Les biologistes du laboratoire sont à votre disposition afin de vous aider dans la bonne compréhension de ces données. N’hésitez pas à faire appel à leurs compétences.

 

1. L’éducation thérapeutique et l’adaptation du mode de vie

L’éducation thérapeutique a pour buts :
  • de vous former sur l’insuffisance cardiaque, de mieux vous en faire comprendre les enjeux ainsi que les bénéfices de vos traitements ;
  • de vous apprendre à reconnaître les signes d’aggravation ou de survenue d’une complication aiguë et d’avoir alors le réflexe de consulter rapidement.

 

L’éducation thérapeutique vous forme :
  • à votre nouveau mode de vie : surtout la restriction des apports de sel ainsi que le contrôle de votre poids, directement lié aux apports en sel ; mais aussi l’arrêt du tabac, si vous êtes fumeur, la pratique de la marche ou d’une activité physique régulière et l’adaptation de votre alimentation ;
  • si nécessaire, à l’adaptation de votre lieu d’habitation comme de votre poste de travail.

L’éducation thérapeutique doit être continue. Elle concerne aussi votre entourage immédiat.

 

2. La prise en charge de l’insuffisance cardiaque.

À quoi sert le bilan initial ?

La découverte de l’insuffisance cardiaque nécessite de réaliser un bilan de santé comprenant un examen clinique, un électrocardiogramme*, un bilan sanguin et une échocardiographie, si votre médecin le juge nécessaire, pour définir la nature de l’insuffisance cardiaque, en évaluer la gravité et rechercher :

  • les facteurs aggravant la maladie. Il peut s’agir d’une consommation excessive d’alcool, mais aussi des facteurs de risque cardio-vasculaires (anomalies des graisses dans le sang, hypertension artérielle, tabagisme, obésité ou surpoids,sédentarité) ;
  • d’éventuelles atteintes d’autres organes, qui peuvent exister sans nécessairement se manifester par une gêne ou une douleur.

Les résultats du bilan permettent de définir les traitements qui vous sont le plus adaptés et les moyens de surveiller votre maladie.

 

Quels sont les professionnels impliqués ?

Le bilan est réalisé par votre médecin traitant et/ou un cardiologue. Plusieurs consultations et l’avis d’autres médecins spécialistes et/ou des bilans complémentaires peuvent être nécessaires.

Les associations de patients peuvent aussi vous aider par l’information, l’écoute, l’échange d’expérience avec d’autres personnes atteintes de maladie coronarienne ou leur entourage.

 

3. Le traitement de l’insuffisance cardiaque

Qui prescrit le traitement ?

Le traitement est coordonné par votre médecin traitant et un cardiologue. Le recours à un médecin de réadaptation cardio-vasculaire ou à un diététicien est parfois nécessaire.

 

À quoi sert le traitement ?
  • À réduire les symptômes de votre insuffisance cardiaque.
  • À éviter les épisodes d’insuffisance cardiaque aiguë.

 

En quoi consiste le traitement ?

Lorsqu’une insuffisance cardiaque est diagnostiquée, le traitement dépend de la gravité des symptômes et du retentissement de la maladie sur d’autres organes (rein, cœur, etc.) : vous devez suivre le traitement médicamenteux qui vous a été prescrit en respectant l’ordonnance du médecin.

Le traitement comprend généralement 3 sortes de médicaments : un diurétique*,un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC*) et un bêtabloquant*. Un régime peu salé est souvent indispensable, et des compléments comme le potassium sont parfois utiles.

Si votre insuffisance cardiaque est favorisée par la prise excessive d’alcool, il est très important de la réduire, voire de la supprimer.

Si l’insuffisance cardiaque est due à une hypertension artérielle, celle-ci doit être traitée ; si elle est associée à une anomalie du rythme du cœur, celle-ci doit également être traitée.

Si vous avez une maladie coronarienne, des changements appropriés à votre style de vie peuvent aider à en ralentir la progression. Il est alors nécessaire :

  • d’arrêter de fumer : le tabac est le pire ennemi de vos artères, celles qui irriguent votre muscle cardiaque, mais aussi celles du cerveau et de vos membres ;
  • de faire régulièrement de l’exercice ;
  • d’adopter une alimentation équilibrée.

 

4. La surveillance de l’insuffisance cardiaque

En quoi consiste la surveillance ?
  • À vérifier la prise effective du traitement qui vous a été prescrit, son efficacité et ses éventuels effets indésirables. Certains médicaments nécessitent aussi une surveillance par prise de sang ;
  • À contrôler une éventuelle évolution de la maladie : vous devez connaître les symptômes qui doivent vous conduire à consulter rapidement votre médecin ;
  • À surveiller très régulièrement votre poids ; une prise de poids fait craindre une rétention de sel et d’eau ; c’est un signe d’aggravation de votre insuffisance cardiaque devant conduire à consulter votre médecin avant l’apparition d’une gêne pour respirer et d’un gonflement des jambes.

Le type d’examen (prise de sang, électrocardiogramme, échocardiogramme, etc.) et le rythme de réalisation dépendent de l’atteinte cardiaque constatée et des médicaments prescrits.

 

Quelles sont les complications de l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque peut s’aggraver avec apparition de symptômes pour des efforts de moins en moins importants. C’est un signe d’aggravation devant conduire à consulter rapidement. Le traitement peut alors être modifié. La survenue d’arythmies du cœur (changements du rythme normal des battements du cœur) peut aggraver l’insuffisance cardiaque et il faut la traiter.

 

5. Glossaire

  • Béta-bloquants : médicaments qui réduisent le travail du cœur en le ralentissant.
  • Diurétiques : médicaments qui augmentent l’élimination de sel et d’eau dans les urines. Ils peuvent faire perdre également du potassium dans les urines.
  • Électrocardiogramme : l’électrocardiogramme (ECG) enregistre à la surface du corps le courant électrique de très faible intensité qui parcourt le cœur et active le myocarde à chaque contraction cardiaque. Lors d’un ECG au repos, une électrode est appliquée à chacune des extrémités (bras et jambes) et six autres sur le thorax. Un appareil produit un tracé qui permet de reconnaître un ancien infarctus et d’éventuels troubles du rythme cardiaque. Cet examen est absolument sans danger et indolore. L’enregistrement de L’ECG ne dure que quelques minutes.
  • HTA : l’hypertension artérielle est définie par une pression dans les artères trop élevée.
  • IEC : médicaments inhibiteurs de l’enzyme de conversion qui réduisent le travail du cœur en dilatant les veines et les artères et augmentent le débit du cœur.

 

HAS décembre 2007, Guide usagers